La vie rêvée du joueur d'échecs
de Denis Grozdanovitch
Ed Grasset (janvier 2021) 208 pages 19€
Un essai original et une réflexion brillante sur la fascination pour ce jeu accompagnés de portraits de mordus des échecs, qu'ils soient champions, mazettes ou kibitzers*.
- Résumé
« Bien que lecteur et joueur de balles assidu dès mon plus jeune âge, j’ai fini par découvrir que le jeu d’échecs surpassait tous les autres en raison du pouvoir qu’il a de nous plonger au plus profond du rêve. Dans ce livre, je raconte comment, dans ma jeunesse, après avoir échappé de justesse au danger de l’enfermement mental qu’il peut aussi induire, j’ai fini par apprendre à m’en servir comme d’un moyen très sûr de traverser les périodes difficiles de l’existence, ce qui m’a été d’un secours providentiel.
Outre ce pouvoir d’évasion, j’essaie de montrer dans ce livre en quoi la compétition échiquéenne constitue tout à la fois une excellente école de circonspection dans nos jugements, une pierre de touche de l’exactitude de nos raisonnements, et une précieuse ouverture sur la connaissance de soi-même.
Chemin faisant, j’en profite pour brosser les portraits de divers joueurs passionnés dont les éventuelles prouesses intellectuelles – du moins dans le cas des meilleurs - s’allient à des manies hautement excentriques, offrant ainsi un spectacle baroque où l’aspect comique le dispute au pathétique.
Enfin, j’essaie de mener une réflexion sur la fonction sociale du jeu, dont il me semble qu’elle pourrait nous montrer la voie d’une convivialité nettement plus enviable et chaleureuse que celle qui nous est proposée par l’esprit résolument utilitariste et planificateur qui a commencé de désenchanter le monde d’aujourd’hui. »
- L'auteur : Biographie de Denis Grozdanovitch
- Compléments (cliquer sur le lien)
- Lire un extrait
- L'analyse de Philosophie Magazine Le joueur d'échecs est un héros paradoxal. Qu’il soit vieillard au jardin du Luxembourg, enfant prodige américain ou grand maître russe, le brillant joueur a toujours sa part d’ombre. D’un côté, c’est un monstre de calcul et d’anticipation, doté d’un troisième œil stratégique et d’une inhumaine intuition. De l’autre, la fascination qu’exerce sur lui la danse des 32 pièces sur leurs 64 cases peut vite devenir son gouffre, aux confins de l’imaginaire et de la folie, comme pour Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig (1943). C’est à cette ambivalence que s’attaque l’écrivain-joueur Denis Grozdanovitch dans La Vie rêvée du joueur d’échecs (Grasset, 2021) : comment jouer sans risquer de s’y perdre ?
- l'interview du Figaro : Les échecs, une école de la maîtrise de soi qui continue d’inspirer les écrivains. Après Zweig, Nabokov et de nombreux autres, ils voient dans ce jeu une métaphore de la vie et de la création.
- Les Echos
« La vie rêvée du joueur d'échecs » ne se résume pas à ces analyses des liens entre échiquier et littérature. C'est aussi une réflexion pétillante sur l'intelligence, et les limites de l'IA, sur les rapports entre la réalité et l'abstraction, l'opposition entre stratégie et tactique, la fonction sociale, voire métaphysique, du jeu. Les échecs fascinent car leurs pièces sont porteuses d'un pouvoir destructeur résumé par cette formule cruelle sur le mat que l'on prête au génial et fantasque Bobby Fischer : « j'aime ce moment où je brise l'ego d'un homme ». Henri Gibier - La grande parade
Un essai brillant sur soixante quatre cases...qui vient après des réflexions sur les rêveurs et les nageurs, l’éternel féminin, la mécanique gestuelle et spirituelle, les minuscules extases ou encore le génie de la bêtise sans oublier les dandys et les excentriques…
Au fil des pages de cette « Vie rêvée du joueur d’échecs », avec élégance et aussi cocasserie, l’auteur fait défiler Stefan Zweig, Milan Kundera ou encore Jorge Luis Borges. Il rappelle également que le monde des échecs n’est pas lié à la géopolitique : il y eut les champions yougoslaves dans les années 1960, un Indien (Vishwanathan Anand) champion du monde en 2000, des Soviétiques (Tal, Spassky, Karpov, Kasparov,…), un Américain (Bobby Fischer), un Norvégien (le Norvégien Magnus Carlsen, champion du monde depuis 2013)… avec la pionnière hongroise Judith Polgar ou encore la Chinoise Ju Wenjun, championne du monde 2020, des femmes aussi- mais depuis peu et, selon des estimations, elles ne seraient que 12% de la totalité des pratiquants… Et, petit sourire, « Grozda » ne manque pas de pointer les « kibitzer », ces personnes réunies autour de l’échiquier, spectateurs aux délicieux commentaires, rivalisant les uns les autres pour être le meilleur « besserwisser »- celui qui sait mieux que les autres, ce commentateur qui, toujours, refusera de « «se mettre lui-même en lice» et «se contente de faire régulièrement des commentaires sarcastiques et si possible désobligeants».
Et c’est ainsi que Denis Grozdanovitch est grand- parce que, comme Niels Holgersson « sur le dos de l’oie Akka, merveilleusement soulevé loin au-dessus des soucis triviaux de l’existence ordinaire », il se laisse porter par les pièces de cet échiquier de soixante-quatre cases…" Serge Bressan - L'écho Belge