"Le jeu de la dame" ou "The Queen’s Gambit" : Présentation et Analyse
- Source : adapté du roman éponyme de Walter Tevis publié en 1983 et en 1990 chez Albin Michel (328 p - épuisé / indisponible mais disponible en anglais)
- Série : Durée 7 x 60min
- Genre : Drame
- Par : Scott Frank, Allan Scott
- Acteurs : Anya Taylor-Joy, Russell Dennis Lewis, Sophie McShera
- Pays : Etats-Unis
- Sortie : 23 octobre 2020
- Chaîne : Netflix en VOD
Synopsis :
En pleine Guerre froide, le parcours de huit à vingt-deux ans d'une jeune orpheline prodige des échecs, Beth Harmon. Tout en luttant contre une addiction, elle va tout mettre en place pour devenir la plus grande joueuse d’échecs du monde.
Résumé :
Beth Harmon débarque dans un orphelinat du Kentucky après avoir survécu à un accident de voiture où sa mère a trouvé la mort. Elle n’a que huit ans quand elle apprend à jouer aux échecs avec le concierge bourru mais touchant de son orphelinat catholique, paumé au milieu du Kentucky, et peuplé de fillettes abandonnées. Ce dernier voit très vite en elle un futur prodige. Devenue dépendante aux tranquillisants "des petites pilules vertes" que l’institution donnait aux enfants, elle se sert des médicaments pour visualiser mentalement un échiquier et s’entraîner. En grandissant, elle intègre des tournois et se confronte au monde ultra-compétitif et masculin des échecs de haut niveau, tout en gérant ses addictions et en surmontant les drames qui vont marquer sa vie. Son but ultime : battre le numéro un mondial, le Russe Vasily Borgov.
Amorce :
1967. Beth Harmon (Anya Taylor-Joy) se réveille encore habillée dans la baignoire de la chambre d’un hôtel de luxe parisien après une nuit visiblement mouvementée. Après avoir gobé quelques pilules et remarqué que quelqu'un dort dans son lit, elle se précipite, sous les yeux des clients offensés, vers la salle où elle est attendue par une horde de journalistes. Lorsqu’elle s’installe face à Vasily Borgov , grand maître d’échecs soviétique, elle se retrouve devant celle qu’elle était enfant et la mini-série nous emmène 10 ans plus tôt, alors qu’on la plaçait dans un orphelinat catholique pour filles après la mort de sa mère dans un accident de voiture.Les raisons du succès : "Le jeu de la dame, la nouvelle série sur les échecs fait un carton sur Netflix
La série sortie sur Netflix fin octobre obtient un très bon accueil, y compris dans le monde des échecs. Pour quelles raisons ?-Un bon scénario avec une mise en scène originale, bien filmé
-Des acteurs talentueux, en particulier la performance magnétique d'Anya Taylor-Joy
-une retranscription assez juste du monde des échecs de haut niveau : beaucoup de réalisme
- L'atmosphère des années 50' est recréée avec beaucoup de soin
et, étonnamment, des spectateurs à qui les mots "défense sicilienne", "blitz" "roque" ou "gambit" n’évoquent pas grand chose, suivent quand même la série, il faut dire que l'actrice montre par ses expressions et mimiques si la situation lui est favorable ou non, et, s'ajoutent les commentateurs radios qui guident les spectateurs lors des parties. Ainsi chacun comprend ce qui se passe lors d'un tournoi sans rien y connaitre aux échecs. Si on ne comprend pas toujours tout ce qui se passe sur le plateau, ce n'est pas l'important : on s'enflamme devant les victoires qui s'enchaînent pour la petite joueuse d'échecs.
En fait, ce ne sont pas les échecs qui séduisent les spectateurs, mais l’histoire personnelle de l'héroïne, une petite fille qui se retrouve abandonnée dans un orphelinat. Ce sera une histoire bouleversante à laquelle on assiste au cours des sept épisodes, nous montrant son ascension en tant que joueuse d’échecs, son passage à l’âge adulte, son émancipation en tant que femme, mais aussi sa chute dans l’alcool et la drogue.
C'est aussi son aspect féministe qui plait. Beth retoque avec panache les journalistes qui l’interrogent sur sa situation de femme au milieu d’’hommes "Je m'en fiche!". De plus, les femmes qui l’entourent, toutes cabossées par la vie (et par les hommes), de sa mère adoptive à sa camarade d’orphelinat Jolene, se serrent les coudes avec rage.
L'avis des critiques
Cette série fait l’unanimité parmi les critiques:Ava Cahen (Frenchmania, Le Cercle) :"Le don de l’héroïne pour les échecs est traité comme un super pouvoir, c’est une série qui figure et loue l’intelligence, c’est magnifique ! "
"Le jeu de la dame est un grand mélo à la mise en scène ultra léchée. On voit les pièces apparaître telles des ombres au plafond, les stratégies s’amorcer en trois dimensions. La série donne accès à des zones impalpables de l’esprit.. On est à la fois dans la grande et belle forme hollywoodienne et le traitement est ultra moderne. Rien ici n’est affaire de morale, c’est un dé-tricotage des angoisses et des traumas de cette jeune fille surdouée. La série, à l’instar de son héroïne, échappe à tout formatage. Ce qu’on nous montre ici, c’est la solitude d’une jeune femme que son don popularise autant qu’il la marginalise. C’est un grand récit d’apprentissage et d’acceptation de soi, une série vibrante, un sans-faute absolu".
Benoît Lagane (France Inter, Télématin) : "Le réalisateur va plus loin qu’une reconstitution, il nous fait vivre l’époque, ce qui est assez rare dans les séries. Les échecs, je n’y connais rien, or même si l’on n’y comprend rien, on est avec l’héroïne. Cela joue sur tous les clichés des échecs (sans en être un) cela nous parle des petits génies, de géopolitique, enfin d’une personne qui va gagner sa place dans le monde. C’est admirable !"
Marjolaine Boutet (Phosphore) : "La seule femme connue, c’est Judit Polgar, une joueuse hongroise grande maîtresse des échecs à 15 ans. On parle peu d’elle, pourtant, elle a battu Karpov, Kasparov et Magnus Carlsen. Cette série pourrait donner envie à des filles de se plonger dans ce monde.
Toutes les parties filmées sont très réalistes, les noms d’ouvertures, les récits sur les échecs, tout est réel. C’est un film sur un sport dominé par les hommes".
Guillemette Odicino dans Grand bien vous fasse. "Les scénaristes se sont alloués les conseils avisés de Kasparov. Chaque partie d’échecs est filmée comme un film d’action de James Bond.
C’est l’histoire d’une femme hantée par ses démons qui commence par jouer des parties imaginaires avant de se construire une carrière de joueuse professionnelle. Il y a un suspens incroyable, l’actrice crève l’écran, les costumes et les décors feraient pâlir de jalousie les décorateurs de Mad Men. Et puis, c’est un récit d’émancipation féminine, ce qui ne gâte rien".
Julien Bisson (revue America) : "C'était un véritable défi de filmer un jeu caractérisé par la distance et le silence… Pourtant, la série est formidable. On se prend de passion pour ces pièces qui bougent et ce personnage féminin est incroyable. L’héroïne ne met jamais en avant sa féminité dans son ascension et c'est très bien."
Le réalisme
Il tient avant tout de Walter Tevis l'auteur du roman qui parle admirablement des échecs car c'était un joueur reconnu, passionné par ce jeu qu'il a su décrire avec une précision étourdissante.A noter que le jeu agressif et passionnant de Beth Harmon a été basé par l'auteur Walter Tevis sur celui du champion Bobby Fischer, qui,- sacré ironie et beau pied de nez -, était un sacré misogyne face aux joueuses d’échecs de l'époque !
Comment l'actrice s'est préparée à tourner des parties d'échecs réalistes?
Anya Taylor-Joy, qui incarne Beth, a dû se préparer pour ce rôle. L’actrice a expliqué à Entertainment Weekly qu’elle n’y connaissait rien aux échecs mais qu’elle a appris avec le maître Bruce Pandolfini, celui-là même qui avait relu le roman de Walter Tevis dont est adapté Le jeu de la dame. Cette préparation était importante pour Anya Taylor-Joy même si elle était difficile : "C'était important pour moi de comprendre la théorie. Je ne pouvais pas débarquer en toute conscience et ne pas savoir de quoi je parlais. Mais la réalité du jeu m’a rattrapée, je ne pouvais pas me souvenir de ces séquences sans devenir folle. J'apprenais les matchs cinq minutes avant, j'ai vu ça comme une chorégraphie des doigts".
Des erreurs minimes
Dans un article du New York Times, Dylan Loeb McClain, expert des échecs qui a couvert cette discipline pendant huit ans pour le magazine, atteste du réalisme exigeant et impressionnant de la mini-série. Ils ont évité bien des erreurs dans l’écriture et la mise en scène des parties d’échecs telles que la position et le déplacement des pièces.
Si les scènes de parties d’échecs sont crédibles, quelques détails ont sauté aux yeux de Dylan Loeb McClain :
- la vitesse à laquelle les joueurs bougent leurs pièces et terminent leurs parties. Dans un match standard, les joueurs ont deux heures pour jouer quarante coups, comme il est parfaitement indiqué dans la série, mais l’expert pointe du doigt le fait que certaines parties soient terminées en quelques minutes et que les joueurs ne prennent pas assez le temps de réfléchir avant de faire bouger la prochaine pièce. Evidemment, les parties sont plus rapides dans la série qu’en temps normal pour éviter d’ennuyer les spectateurs mais il faut bien noter qu’une réelle partie d’échecs prend plus de temps.
- le bavardage pendant les parties d’échecs. Dans Le jeu de la dame, Beth n’hésite pas à discuter avec ses adversaires très souvent pour les déstabiliser. Pourtant, il est interdit de parler pendant une partie d’échecs lors d’un tournoi. Les joueurs peuvent uniquement s’adresser la parole pour proposer une égalité et ainsi mettre un terme à la partie. Les joutes verbales que se lancent Beth et ses adversaires servent alors dans la série à augmenter la tension dramatique mais aussi accompagner les spectateurs durant la partie.
-Les exagérationsBeth enfant bat tout le monde très et trop vite. Plus tard elle prend des tranquillisants avant ses parties et.. gagne, vraiment ridicule. Aujourd'hui, tous les grands joueurs, comme le français Maxime Vachier Lagrave ont une préparation physique rigoureuse et une excellente hygiène de vie !
-Les clichés
Bien sûr, c'est du cinéma, mais encore une fois, le joueur d'échecs est caricaturé : Beth Harmon a des problèmes avec la drogue et l’alcool mais ne tombe pas dans ... la folie à cause des échecs.
La similarité avec Bobby Fischer
- La similarité se retrouve essentiellement dans :

-Lecture : Tous deux sont de gros lecteurs d'ouvrages échiquéens, ls lisent depuis leur plus jeune âge tous les ouvrages et revues concernant les échecs. Fischer avait une bibliothèque de 80 livres d'échecs dont plus de la moitié en russe. Le livre "Modern Chess Openings" que Beth reçoit de son mentor dans le premier épisode et le "Chess Review Magazine", dont Beth Harmon fait la couverture sont des ouvrages réels
- Les différences...
Plus tard, avec la solitude, elle y ajoutera l'alcool et désormais elle est confrontée à un cercle vicieux de dépendance. Même si ses amis joueurs (Benny Watts, Harry Beltik, D. L. Townes) sont là pour lui faire remonter la pente, elle va rechuter, mais ce sera pour mieux se relever. La fin nous montre que Beh n'a plus besoin de se noyer dans l'alcool et les médicaments, ni d'éloigner tous ceux qui tentent de lui donner un peu d'affection. Désormais libérée de ses démons, la championne est devenue une autre femme.
Walter Trevis, lui même, souffrait d'une dépendance à l'alcool et a connu aussi l'addiction aux médicaments "Quand j'étais jeune, on m'a diagnostiqué un rhumatisme cardiaque et on m'a donné beaucoup de médicaments à l'hôpital."
Il publie d'abord sept romans noirs ou de science-fiction. Ensuite, il travaille comme professeur de littérature à l’université d’Ohio et sombre dans l’alcoolisme. Il ne revient à l’écriture qu’en 1980. il concède :" Écrire, cela a été cathartique"
-Sport : A l'opposé Bobby est un grand sportif, préoccupé de sa santé. Fischer pratique régulièrement de nombreux sports : gymnastique matinale devant son téléviseur, puis natation (45 min par jour), tennis, bowling, haltères...il ne faut pas oublier qu'une partie d'échecs de championnat peut durer plusieurs heures et que la concentration est si intense, que tous les joueurs en ressortent épuisés. En fait le conditionnement physique est essentiel et Bobby a été un pionnier dans ce domaine. Aujourd'hui tous les champions ont une hygiène sportive de très haut niveau.
D'ailleurs, nous avions publié un article sur le thème : les échecs font-ils perdre des calories?
- Le choix d'une joueuse d'échecs : un pied de nez à Bobby Fischer et à Kasparov... !
Mais aussi:
« Il m’est arrivé plusieurs fois de dire qu’il existait deux sortes d’échecs: les vrais échecs et les échecs pour femmes. Désolé ! Une femme ne peut rien faire contre la détermination d’un homme. C’est une simple question de logique. C’est la logique d’un combattant professionnel et les femmes ne sont pas de bons combattants (…). Les échecs sont un mélange de sport d’art et de science. Or, on peut constater la supériorité des hommes dans tous ces domaines. L’explication réside sans doute dans les gènes »
Depuis, Garry Kasparov a fait amende honorable en soutenant des manifestations en faveur des échecs et des enfants aux côtés de Judith Polgar.
Nigel Short, l’un des plus grands joueurs britanniques d’échecs, affirme « Les hommes et les femmes sont programmés de façon très différente ».
Selon lui, les femmes seraient intrinsèquement plus mauvaises que les hommes dans certaines activités, notamment dans la pratique des échecs. « Ce serait merveilleux de voir davantage de femmes jouer aux échecs, mais plutôt que de se tracasser au sujet de cette inégalité, peut-être devrions-nous simplement prendre acte de cette situation. Car les hommes et les femmes sont programmés de façon très différente. Je m’accommode parfaitement du fait que ma femme possède une plus grande intelligence émotionnelle que moi. Tandis qu’elle n’est pas gênée de me demander de sortir la voiture du garage », a-t-il déclaré lors d’une interview pour le quotidien britannique The Telegraph. Immédiatement, cette réflexion sexiste et misogyne a provoqué un tollé sur la Toile.
- les autres similarités et influences
- les championnes d'échecs du passé ?
Dans les années 60 ( guerre froide) la présence de femmes en compétition était rarissime, le jeu de haut niveau était largement à dominante masculine.
Pour trouver des "pionnières", il faut chercher au début du XX° avec, par exemple, Maria Teresa Mora Iturralde, joueuse cubaine âgée de 20 ans en 1922, qui remporta la coupe Dewar du club de La Havane, considérée comme le championnat (mixte) de Cuba (il n'y avait pas à l'époque de championnat féminin de Cuba), et , donc, qui avait vaincu tous ses adversaires masculins et obtenu le titre de "championne d'échecs de Cuba". Elle représenta Cuba lors des championnats du monde féminins de 1939 à Buenos Aires et finit 7° sur 20. Elle reçut le titre de maître international féminin lorsque le titre fut créé en 1950 et d'Amérique Latine. La légende veut qu'elle ait été la seule femme à avoir battu José Raúl Capablanca, considéré comme l'un des plus importants grands maîtres de l'histoire des échecs et qui fut mentor ; il a évoqué son apprentie dans l'un de ses ouvrages, en la décrivant comme "probablement la joueuse la plus forte du monde". Toutefois ses résultats ne le montrent pas. Compléments
Plus tard en 1978 pour la première fois une femme décroche le titre de Grand maître international : Nona Gaprindashvili en 1978 puis Maia Tchibourdanidzé en 1984 (en tant que championnes du monde). C 'est véritablement la Hongroise Judit Polgar (GMI) qui parviendra à s'imposer dans le top 10 Mondial dans les années 1980.(lire ci-dessous)
Aussi le personnage de Beth Harmon créé par le romancier en1983 est bien fictif tant la présence des femmes en compétition relevait à cette époque de l'exception dans le milieu des échecs. En 1983, aucune joueuse ne se situe dans les 50 premières places du classement mondial. Aujourd'hui, seules 37 femmes figurent parmi les quelque 1 700 grands maîtres reconnus dans le monde entier, et une seule d'entre elles s'est frayé une place dans le top 100 des meilleurs joueurs de la planète, Hou Yifan (89e).La championne de Cuba, Maria Teresa Mora Iturralde / Beth Harmon de The Queens Gambit
- Judith Polgar
Il faudra attendre la fin des années 1980 pour voir arriver une femme dans les tournois internationaux : Judit Polgar. Le roman éponyme de Walter Tevis étant publié en 1983, c'est uniquement dans la série que l'on pourra éventuellement trouver des points communs ! Son parcours est original, en effet, son père, psychanalyste, l’initie aux échecs, comme ses deux sœurs, à trois ans uniquement pour prouver que le génie n’est pas inné mais acquis. Judith enfant se passionne et excelle. À huit ans, elle est championne du monde mixte des moins de 12 ans. À 15 ans et 5 mois, elle bat le record de précocité de Bobby Fischer en devenant plus jeune grand maître international de l’histoire, désormais, elle ne joue plus que contre des hommes. C'est la seule femme qui entre dans le Top 10 mondial et bat, en 2002, le numéro 1, Garry Kasparov.
Et, c'est une femme équilibrée dont le parcours étonnant demeure assez classique comme pour la plupart des grands joueurs. Rien à voir avec l'héroïne de la série.
Alors existe-t-il des points communs ? très peu hormis une légère ressemblance physique avec les cheveux roux flamboyants, et et un même style de jeu assez agressif.Que pense Judit Polgar de l'attitudes des "hommes" joueurs d'échecs dans la série ? Dans une interview au New York Times, elle estime qu'ils "étaient trop aimables", comparé à la réalité des compétitions, et qu'au gré de ses victoires, il n'avait pas été rare d'"entendre des commentaires et parfois des plaisanteries mettant en cause [sa] capacité [à jouer], censés être drôles, mais finalement blessant". Pas un seul de ses adversaires n'a d'ailleurs une seule fois abandonné la partie, en se fendant d'un baise-main. "Certains refusaient de me serrer la main", se souvient-elle au contraire, "l'un d'entre eux s'est même frappé la tête contre l'échiquier à l'issue de sa défaite".
Dans "Le Jeu De la Dame", le soutien des joueurs vaincus par Beth, qui finissent par former une véritable équipe pour l'accompagner dans son ascension, reste trop beau pour être vrai, selon Judit Polgar.
Elle conclut: : "La série, c’est bien, mais ça ne suffira pas. Il faut faire entrer les échecs dans les écoles, ils donnent des outils pour la vie : la logique, la résilience, savoir trancher, accepter une défaite, maîtriser l’euphorie d’une victoire. Ça rend plus fort."
- Sapsski pour le joueur russe Vasily Borgov
Dans la série, c'est un joueur d’échecs soviétique, champion du monde depuis une date antérieure au début de la carrière de Beth Harmon, mais dans le livre il est beaucoup plus jeune (38ans). C'est un joueur concentré et inexpressif, de l'école classique des échecs russes, très fort en finale comme Mikhaïl Botvinnik (1911-1995), plusieurs fois champion du monde de 1948 à 1957, de 1958 à 1960 et de 1961 à 1963. D'ailleurs Beth indique "Il y a un joueur qui me fait peur. Le Russe Borgov" .
Toutefois, la ressemblance la plus frappante est avec Boris Spasski, 10e champion du monde d'échecs, spécialiste des fins de partie, et de la défense sicilienne (comme Borgov).
De plus Spasski est célèbre pour sa confrontation avec Bobby Fischer en 1972, " match du siècle" entre l'URSS et les États-Unis, remporté par Fischer avec quatre points d'avance : 12,5 à 8,5, mettant fin à 24 ans de domination soviétique.
A noter que lorsque Fischer gagne, Spasski se joint aux applaudissements du public, tout comme Borgov dans son duel final avec Beth Harmon. - Bilan
Mais "Le Jeu de la Dame" est un pur récit fictif. L’auteur Walter Tevis s’est inspiré de sa propre expérience dans le monde des championnats d’échec et de ses problèmes avec la drogue pour écrire l’histoire de Beth Harmon. Toutefois les coïncidences avec la vie de Bobby Fischer sont troublantes et laissent à penser que que W Tevis connaissait parfaitement la carrière de Fischer dont il s'est inspiré avec liberté.
L'originalité
C’est... une joueuse, ce qui est rare dans le monde des échecs et...au cinéma, comme nous l'avons montré ci-dessus. Il lui faut donc lutter contre les préjugés tenaces supposant que les femmes seraient naturellement moins douées que les hommes pour la logique des échecs. Quoi de mieux, pour les détromper, que de battre tous les champions un par un ?
Conclusion : Les conséquences inattendues sur les échecs
- Un espoir
Toutefois, il faut signaler que le FFE (Fédération Française Echecs) fait de gros efforts pour intégrer les femmes avec un plan de féminisation mis en place en 2019 (avant la série ! ) ce qu'il faut saluer:
- Une réalité
- les parties d'échecs d’Elisabeth Harmon (épisodes 1 et 2)
- les parties d'échecs d’Elisabeth Harmon (épisodes 3, 4, 5 et 6)
- les parties du grand prix de Paris et du septième et dernier épisode.
🎧 - La chronique d'Agnès Hurstel du lundi 23 novembre 2020
🎧 - Une heure en série du samedi 21 novembre 2020
🎧 - Grand bien vous fasse du vendredi 20 novembre 2020
🎧 - La Marche de l’Histoire : L’histoire des échecs
🎧 - L’Œil du Tigre Les échecs, un sport
🎧 - Extraits du Joueur d'échecs de Zweig lu par Guillaume Gallienne et Zabou Breitman.
• Atlantico : "La série qui fait exploser le nombre de nouveaux joueurs d'échecs"
• Konbini : "On a décrypté Le Jeu de la Dame avec une championne d'échecs"
• Vanity Fair : "La série Netflix Le Jeu de la Dame passée au crible par une véritable championne d'échecs"
• Huffington Post : Le jeu de la dame sur Netflix: un pro des échecs nous donne son avis
• France Info : "Le jeu de la dame, la nouvelle série sur les échecs qui fait un carton sur Netflix"
• Les Inrockuptibles : sexisme, Guerre froide... Ce que “Le jeu de la dame” dit du monde des échecs
• Le Figaro : "Le confinement et une série Netflix relancent les ventes de jeux d'échecs"
• Le Parisien : "Confinement : fan du «Jeu de la dame»? C'est le moment de vous mettre aux échecs"
• Le Monde : "Netflix : Le Jeu de la dame, la jeune fille et la mort (du roi)"
• France Culture : "Séries. Fargo et Le Jeu de la Dame, rois et reine"
• Var Matin : "Comment les échecs sont devenus tendance..."
• Madame Figaro : "On a vu la série NetFlix Le jeu de la Dame avec Marie Sebag, Grand Maître International d'échecs"
• Le Journal du Dimanche : "Netflix et le confinement dopent les ventes de jeux d'échecs"
• Le Point : "Le Jeu de la dame : la nouvelle pièce maîtresse de l'échiquier Netflix"
• BFMTV : "Le jeu de la Dame: la mini-série à succès décroche un record sur NETFLIX"
• BFMTV, Chronique de Lorène de Sustielle (émission du 2/11) : "Confinement saison 2 : On regarde quoi ? - 02/11"
https://en.chessbase.com/post/jonathan-rowson-on-the-queen-s-gambit
Sources essentielles et compléments
- https://www.netflix.com/fr/title/80234304
- https://www.francetvinfo.fr
- https://www.lefigaro.fr/conso/le-confinement-et-une-serie-netflix-relancent-les-ventes-de-jeux-d-echecs-20201114
- https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18694527.html
- https://www.telerama.fr/ecrans/le-jeu-de-la-dame-sur-netflix-une-miniserie-sur-les-echecs-qui-remplit-toutes-les-cases-6718648.php
- https://www.lesinrocks.com/2020/11/02/series/series/les-parties-dechecs-du-le-jeu-de-la-dame-sont-elles-realistes/
- https://biiinge.konbini.com/analyse/biiinge-dressing-jeu-de-la-dame-costumes-analyse-ehecs/
- https://gamesmaven.io/chessdailynews/news/fischer-took-fitness-very-seriously-yx8bnxAeckm6BCaFpeXOVw
- https://le-jeu-de-la-dame.fandom.com/fr/wiki/Wiki_Le_jeu_de_la_dame
- https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18694185.html
- https://www.franceinter.fr/culture/les-echecs-des-premiers-des-a-netflix-64-cases-a-travers-l-histoire
- https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-etoile-du-jour/judit-polgar-la-meilleure-joueuse-dechecs-du-monde-confronte-son-experience-a-la-serie-le-jeu-de-la-dame_4170043.html
- https://fr.rbth.com/lifestyle/85664-joueur-echecs-russe-netflix
- https://www.chess.com/news/view/the-queens-gambit-netflix-chess
- https://fr.euronews.com/2020/12/02/le-jeu-de-la-dame-ou-la-parite-mise-en-echec