L'évolution du jeu d'échecs, dont l'histoire remonte à plus de 1 500 ans témoigne des cultures qui l'ont adopté et nous offre une passionnante découverte.
1-Une origine d'Asie centrale, encore indéterminée
- De nombreux mythes
De très nombreuses légendes existent.
Une courte sélection des plus connues... - Le mythe du brahmane Sissa
En effet, sur la dernière case de l'échiquier, il faudrait déposer plus de neuf milliards de milliards de grains (9 223 372 036 854 775 808 grains précisément), et y ajouter le total des grains déposés sur les cases précédentes, ce qui fait un total de 18 446 744 073 709 551 615 grains (la formule de calcul est alors 264-1)
Ce qui se traduit ainsi: Plus de 18 milliards de milliards de grains ou environ 720 000 millions de tonnes ou 1 000 ans de production mondiale de riz !
- La légende grecque
Une autre légende place l'invention du jeu durant la guerre de Troie. Palamède, l'un des héros grecs, aurait inventé le jeu pour remonter le moral des troupes durant le siège de Troie
Palamède, c'est aussi le nom d'un chevalier de la Table ronde dans la littérature courtoise du XIIIe siècle. La légende du roi Arthur fait de ce chevalier Palamède, fils du sultan de Babylone mais converti au christianisme, l'instructeur de ses compagnons d'armes avec ce jeu qu'il a rapporté d'Orient. Ce Palamède devient l'inventeur "idéal" du jeu d'échecs pour la société médiévale
- D'anciennes théories fantaisistes
- Le mythe d'un ancêtre à quatre joueurs
Au XX° il est démontré que les textes du Bhavishya Purâna ne pouvaient pas être aussi anciens (datent du XV°) et qu'ils ne contenaient aucune mention des échecs. Un mythe s'efface!
- Les mythes face aux connaissances actuelles
A noter que les textes indiens utilisés par les linguistes anglais datent de la fin du XV°.
Dans l’Orient ancien, au IXe siècle, il existait une variante, avec deux dés que les Européens ont continué d’utiliser pour choisir leurs coups aux échecs standards jusqu’au XIIIe siècle au moins.
- Les recherches historiques
Les premiers échecs se jouaient donc très probablement à deux joueurs. Qui a inventé les échecs, quand, où, comment, pourquoi ?
Il a existé dans tout l'Orient antique de nombreux "jeux de table" représentant un combat de pions à déplacer sur une sorte de damier. Ainsi le Ludus Latrunculorum, et le ludus calculorum, jeux de plateau stratégique pratiqués par les Romains - Que trouve-t-on dans les anciens textes?
L'Inde laisse des sources antiques, imprécises: un texte bouddhiste du IIIe siècle av. J.-C. évoque le Vinayapitaka, un jeu de dés sur plateau ; un texte daté en 643, est à double sens sur le mot Chaturanga (armée ou jeu d'échecs ?) ; une brève allusion aux échecs ne se trouve que vers 850 au Cachemire ; la première description complète n’intervient qu’au XIIe siècle. Or à cette date, les Arabes ont déjà tout écrit !
La Chine décrit des jeux dès le IIe siècle av. J.-C, puis au VI°S après JC mais rien ne prouve que cela corresponde aux échecs et personne ne peut affirmer qu’il ne s’agissait pas des échecs ! L’existence du xiangqi devient indiscutable à la fin du VIIIe siècle d'après une fable qui décrit un échiquier dressé avec des pièces d’or et de bronze.
- Que prouve l'archéologie (actuelle !)
L’Inde, en revanche, a laissé très peu de témoignages archéologiques. Il est vrai que le climat humide conjugué à l’utilisation de matériaux périssables rend les fouilles moins fructueuses. Les plus anciennes pièces de xiangqi connues datent de 1100 et ressemblent fortement à celles d’aujourd’hui.
- Quel scénario pour une naissance ?
La théorie dominante, attribue la naissance des échecs à l’Inde du Nord, vers l’an 500 avec une diffusion en Asie centrale, puis en Chine, suivant la route empruntée par le bouddhisme. Cette hypothèse séduisante conserve toute sa crédibilité et sa vraisemblance, mais n'a aucune preuve ! Elle est loin de tout expliquer !
En effet, la majorité des traces historiques incline à placer la naissance des échecs en Asie centrale. Les recherches n'ont pas permis — à ce jour — d'amener des éléments concrets comparables pour l'Inde.
Mais il reste une sérieuse objection : plusieurs caractéristiques des échecs chinois, le xiangqi, paraissent plus primitives que celles des échecs primitifs indo-persans (chatrang, chaturanga).
- Les jeux primitifs
- Le chaturanga
en Inde (du sanskrit चतुरङ्ग / caturaṅga signifiant « quatre membres » ou «
quatre parties »). Ce mot figure dans les épopées classiques comme le
Râmâyana, composées avant notre ère, pour désigner la quadruple
constitution de l’armée indienne : éléphants, cavaliers, chars et
fantassins ( et non pas une jeu à 4 !)
En Inde, à partir de 643, il sert à désigner (peut-être, car l'interprétation n'est pas certaine) le jeu d'échecs. Le chaturanga est une version primitive des échecs actuels ( jeu de guerre indien) et se jouait en deux versions: deux et quatre joueursKrishna joue aux échecs avec RadhaLe premier à signaler une variante jouée à quatre joueurs est le Persan Al-Biruni qui visita le Penjab en 1030, qu'il vaut mieux dénommer chaturaji , terme sanskrit signifiant « quatre rois ».
Inde, XVIIIe siècle.
National Museum, New Dehli.
Règles:
Le jeu à 2 est presque identique au Shatranj, avec pour seules différences : la promotion (déterminée selon la colonne d'arrivée, la position initiale des Rois croisée), l'utilisation des dés semble systématique (même si on peut imaginer que certains le pratiquaient sans, ce n'était pas dans les habitudes indiennes).
Le chaturaji se jouait aussi à quatre ("chaturaji ") sur un tablier de 8 × 8 cases qui avait quelques marques spéciales, dont la signification est inconnue.
La position des pièces et les règles de déplacement exactes ne sont pas connues, ou demeurent délicates à interpréter, mais les historiens supposent qu'elles étaient très proches du chatrang.(voir schéma)
- Le Chatrang
(persan : شَطْرَنْج) puis Shatranj 'arabe) est considéré comme l'ancêtre du jeu d'échecs. Il
est la version perse du jeu indien Chaturanga, à moins que ce ne soit le
contraire...
S'il est difficile de préciser une date, le Shatranj est assurément déjà bien bien présent au VIIème siècle. Les grandes voies commerciales telles la route de la soie étaient d'importants lieux d'échanges culturels, et ont naturellement permis aux 2 jeux de se répandre.
Les règles du Chatrang sont très similaires aux échecs modernes. Le jeu se joue sur un plateau mono-couleur. La position initiale des pièces est la même qu'aujourd'hui, à l'exception près que la position du roi n'est pas fixée en fonction de sa couleur mais par les joueurs.
Le jeu se joue avec les pièces suivantes:
le roi (Shâh, qui donne son nom au jeu) se déplace d’un pas dans toutes les directions ;
le conseiller (Farzin ou Vizir) au mouvement est limité à une seule case en diagonale ;
l’éléphant (Fil qui donnera "fou") avec un déplacement correspondant à un saut de deux cases en diagonale ;
le cheval (Faras), identique au cavalier moderne ;
le char (Roukh), identique à la tour actuelle.
le soldat (piéton, fantassin), équivalent du pion, mais dépourvu du double pas initial. Le soldat est promu en conseiller lorsqu'il arrive sur la 8ème rangée de son adversaire.
La victoire s'obtenait aussi bien par la prise du Roi ("Shah mat", signifiant le Roi est mort, est l'origine de l'expression moderne "échec et mat", phonétiquement similaire dans toutes les langues), mais aussi en capturant toutes les pièces ennemies et en immobilisant l'adversaire. L'utilisation des dés (désignant la pièce à jouer), sans être la règle, était néanmoins très populaire.
Plus que l'Inde, c'est la Perse qui a donné au jeu une structure suffisamment moderne pour que l'on puisse parler "d'échecs". D'ailleurs, le mot "échec" remonte au terme persan shah qui désigne le roi. - Le xiangqi (chinois
« échiquier des éléphants »), aussi appelé « échecs chinois » (par
opposition aux échecs occidentaux), est un jeu de société combinatoire
abstrait qui se joue sur un tableau rectangulaire de 9 lignes de large
sur 10 lignes de long.
Le jeu est également connu au Japon sous le nom de kawanakajima shōgi (le shōgi est un autre jeu d’échecs traditionnel au Japon, avec de nombreuses variantes).
Ce jeu se joue avec 16 pièces par joueur qui sont placées sur les intersections des lignes. Les deux camps sont le rouge et le noir (ou bleu). Une rivière, qui limite aussi les déplacements autorisés de certaines pièces, sépare les deux camps sur le plateau où figure aussi la position de chaque palais
Chaque joueur possède :1 général (équivalent du roi) ; 2 gardes (ou conseillers, mandarins) ; 2 éléphants (ou ministres), donnant leur nom au jeu ; 2 chevaux (proches des cavaliers aux échecs occidentaux) ; 2 canons (ou bombardes) ; 2 chariots (équivalents des tours) ; 5 soldats ou élites (aussi communément appelés pions par analogie aux échecs occidentaux).
Les pièces, bien que similaires dans leur actions, n’ont pas le même nom selon leur camp. - Tableau comparatif du nom des pièces
source "Univers des Echecs"anglais français ancien français arabe persan sanskrit Chess Echecs Esches Shatranj Chatrang Chaturanga King Roi Roy Shah Shah Rajah Queen (Reine)
DameFierge
(vierge)Firzan, Fiz Farzin
(Vizir)Mantri Rook Tour Roc Rukh Rukh
Roukh
(char)Roka
Nauka (navire)Bishop Fou Alphin, Aufin Fil Pil
(éléphant)Hasti kNight Cavalier Chevalier Faras Asp Ashwa Pawn Pion Paon Baidaq Piyadah Padati
- Conclusion :
Le berceau des échecs se cache encore quelque part en Asie.
Complément
La référence ndispensable: l'ouvrage de JL Cazaux "L'odyssée des jeux d'échecs"
Lire Non, les échecs ne dérivent pas d’un jeu à quatre joueurs ! de JL Cazaux
2-Les échecs dans le monde arabe : le shatranj
Lorsque les Arabes envahissent la Perse (642), ils adoptent le Chatrang sous le nom de shatranj qui était déjà bien populaire. Le jeu suit alors l'expansion de l'empire islamique. Le Shatranj atteint donc le sud de l'Europe au cours du VIIIème siècle. Les échecs connaissent alors un développement remarquable.
Présentation au roi sassanide Chosroès du jeu d'échec importé récemment d'Inde
Shâh-nâma, Le Livre des rois par Abû al-Qâsim Firdawsî de Tûs (mort vers 1020).
Manuscrit copié en 1604 par Muhammad Djân Kirmânî
Paris, BNF, Manuscrits
Shâh-nâma, Le Livre des rois par Abû al-Qâsim Firdawsî de Tûs (mort vers 1020).
Manuscrit copié en 1604 par Muhammad Djân Kirmânî
Paris, BNF, Manuscrits
C’est au cours des IXe et Xe siècles qu’apparaissent les premiers champions et compétitions (847) et les premiers traités (AI-Adli rédige son Livre des échecs en 842).
'Ibn 'Arabshâh (1389-1450), 'Ajâ'ib al-maqdûr fî qissat Timûr (Merveilles de la destinée dans l'histoire de Tamerlan). Copie du manuscrit achevée le 24 septembre 1451. BNF, Manuscrits (arabe 1901 f° 128v°)
De cette époque datent des fins de parties analysées et des études de parties réellement jouées dont le dénouement est particulièrement beau ou surprenant. C'est la naissance du problème d'échecs.
Ce problème (le plus ancien connu ?) daterait de 840, mentionné par Al-Suli dans son manuscrit. Les blancs jouent et font mat en 3 coups.
1. Ch5 + TXC
2. TXg6 + RXT
3. Te6 mat
Les pièces sont stylisées en raison de l’interdiction de représenter des êtres animés. On retrouve alors :
-le roi (Shâh, c'est lui qui donne son nom au jeu) se déplace d’un pas dans toutes les directions ;
- le conseiller (Farzin ou Vizir) dont le mouvement est limité à une seule case en diagonale ;
-l’éléphant (Fil, cf. sanskrit pīlu) avec un déplacement correspondant à un saut de deux cases en diagonale ;
-le cheval (Faras), identique au cavalier moderne ;
-le Roukh,(Char ?) semblable à la tour actuelle.
-le soldat (Baidaq, cf. sanskrit padāti : piéton, fantassin), l’équivalent du pion, mais dépourvu du double pas initial.
3-Arrivée en Europe et évolution
- L’arrivée des échecs en Europe
711 : Les musulmans s'emparent de Tolède. Les populations conquises, juives et chrétiennes, font connaissance avec le jeu d'échecs.
L’arrivée des échecs en Europe se fait sans doute par l’Espagne musulmane aux alentours du IXe et Xe siècle, ou par l’Italie du sud (Sicile), se diffusant dans toute l'Europe à partir du XIe siècle. Ainsi via la Mer Noire le jeu se répand jusqu’en Scandinavie et Russie.
Une légende a longtemps attribué un jeu d'échecs à Charlemagne qui l'aurait reçu de la part du calife Haroun al-Rachid, on pense aujourd'hui qu'il fut fabriqué postérieurement près Salerne à la fin du XIe siècle.
L'échiquier de Charlemagne est un ensemble de pièces d'échecs datant du 11e siècle, en ivoire. Conservé initialement dans le trésor de Saint-Denis, les pièces restantes sont actuellement exposées au Cabinet des médailles, à Paris, en France.
Le poème latin Versus de scachis (en) écrit à la fin du Xe siècle contient les premières règles écrites en Europe. En 1010, une mention écrite a été trouvée dans un testament du comte d'Urgel, en Catalogne.
Vers l'est, les caravanes ont déjà porté le jeu jusqu'en Chine et au Japon.
À partir de 1200, apparaissent les premiers écrits occidentaux :
-Bonus Socius : le premier traité occidental échiquéen en latin est publié par le Lombard Nicolas de Nicolaï (?) en 1275, cet ouvrage s'inspire des compositions arabes antérieures. Manuscrit en en latin, premier traité occidental sur les jeux d'échecs, sous le pseudonyme Bonus Socius ('ego bonus socius', "Moi, le Bon Compagnon").
-Le Livre des jeux d'Alphonse X, roi de Castille et passionné du jeu.
Appelé également Libro del axedrez, dados e tablas, c'est le traité du jeu d'échecs le plus ancien conservé en Europe. Il se compose de 98 pages illustrées de nombreuses miniatures qui montrent les positions des jeux. C'est un des documents les plus importants pour l'histoire des jeux de société. L'unique original connu se trouve à la bibliothèque du Monastère de l'Escurial.
Cet ouvrage nous informe sur l'état et les règles du jeu d'échecs à l'époque où il a été introduit dans les royaumes chrétiens par le monde musulman.
Problème d'échec nº 35 du Libro de los juegos.
-Le Livre des échecs moralisés du moine Jacobus de Coesolis (Jacob de Cessoles) qui propose chaque dimanche des prêches s'inspirant du jeu d'échecs. Vers 1315, il décide de compiler ses sermons par écrit. Il établit des relations entre déplacement des pièces et concepts moraux ; la partie devient, au-delà d'une représentation de la hiérarchie sociale, une allégorie de la vie spirituelle. En fait, son traité, divisé en vingt-quatre chapitres, paraît n'être qu'une compilation de divers manuscrits espagnols.
-Le Livre des échecs amoureux est rédigé vers 1400 par Évrart de Conty , médecin du futur Charles V. C'est un livre d’éducation princière.
- Un jeu populaire, avec ou sans dés...Les échecs sont la distraction
favorite à la
cour, souvent représentés
dans les romans de chevalerie.
Deux manières de jouer aux échecs sont alors pratiquées : avec ou sans dés. Transmis en Occident "avec ou sans dés", le jeu est immédiatement condamné par l'Église (Concile de Paris de 1212) comme tous les jeux de hasard, intéressés ou non. Saint Louis interdit dans sa Grande ordonnance de 1254 ce jeu de mauvaise réputation coupable de troubler la moralité publique.
Pour s'affranchir de cet opprobre, les aristocrates abandonnent rapidement les dés, privilégiant la réflexion et la stratégie. Il faudra attendre un siècle pour que l'interdiction soit levée et que les échecs soient admis, mais "sans dés, pour le seul amusement et sans espoir de gain". Dans les tavernes, les parties sont soumises à des enjeux entraînant rixes voire meurtres qui nuirent longtemps au roi des jeux. C'est en renonçant progressivement à l'emploi des dés que le jeu d'échecs (début XIV°) acquiert une certaine honorabilité.
La dernière trace d'utilisation de dés se trouve dans une chanson de geste anonyme datant de la fin du XIIIe siècle, "Huon de Bordeaux" avec cet expression : " Madame, quelle partie voulez vous jouer ? jouez vous aux échecs avec les coups ou avec les dés ?"
D'ailleurs on peut imaginer l'angoisse des joueurs regardant les dés tournoyer, et voir une belle position s'effondrer sur un coup de dé malheureux et inversement voir de piètres joueurs gagner partie et argent au seul bénéfice d'un hasard favorable.
La popularité des échecs atteint son apogée entre le XIIe siècle et le XVe siècle : faisant partie intégrante de l’éducation du futur chevalier, le jeu se répand dans le milieu de la bourgeoisie à partir du XIVe siècle. Les documents écrits et figurés qui mettent en scène des rois, des princes, des seigneurs et de nobles dames jouant aux échecs sont très nombreux jusqu'au XVIe siècle.
Le jeu de guerre devient un jeu de cour puis les échecs se popularisent et gagnent toutes les couches de la société occidentale.
- L’échiquier s'occidentalise
L’échiquier s'occidentalise au milieu du XIIe siècle, les pièces devenant plus mobiles probablement en lien avec le développement de la poudre à canon qui rend l'artillerie des champs de bataille plus puissante :
-le plateau devient bicolore vers l'an 1000, avec les cases rouges et noires (qui deviendront plus tard blanches et noires) ;
- le vizir devient fierge (ou vierge), puis reine et/ou dame (il est difficile de déterminer lequel des deux termes prévalait — sans doute étaient-ils utilisés indifféremment) ;
-l'éléphant (al fil en arabe, qui reste alfil en espagnol aujourd'hui) devient aufin, puis fou (bishop : évêque en anglais) ;
- le roukh arabe devient roc (ce nom donnera rook en anglais, le verbe « roquer » en français et désignera la tour d'échecs en héraldique), puis tour vers la fin du XIIe siècle.
Dans certaines régions d'Europe, le double pas initial du pion est pratiqué.
- Dernière évolution
- Premiers traités fin XV°
Le deuxième, attribué à Lucena, nous est parvenu.
- Les échecs au travers des œuvres d'art
Un site présente les principales œuvres d'art relatives aux échecs, classées chronologiquement du X° à nos jours. La présentation de ces œuvres offre un panorama réaliste de la popularité du jeu dans la société.
4-L'époque moderne et contemporaine
- Établissement des règles
Vers 1650, on peut considérer que les règles du jeu moderne sont à peu près établies.
- Une littérature qui s'enrichit du XVI° au XVIII°
-Damiano , portugais, publie en 1512 un traité d'échecs, en 10 chapitres, en italien et en espagnol, "Questo libro et de imparare giocare la scachi : Et de belitissimi Partiti". Il connaît un succès d'édition sans précédent et devient une référence.
-Ruy López a écrit en 1561 le Libro de la Invencion del Arte Liberal del Axedrez (Livre de l'invention de l'art libéral des échecs) qui compte parmi les premiers manuels ayant fondé la théorie des échecs en Europe, et une ouverture porte son nom (la partie espagnole).
-Gioachimo Greco (1619) écrit un traité qui renferme beaucoup de parties brillantes et combinaisons célèbres qui deviennent une référence
-Philidor , champion français, publie « L'Analyse des Echecs » en 1749, un des premiers traités d'échecs en langue française et un classique du genre.
Il révolutionne le déroulement tactique des parties en confiant aux pions un rôle fondamental
-Stamma, en 1737 fut le 1er à introduire la notation algébrique dans son recueil de fin de parties "Essai sur le jeu des échecs" sans grand succès car Philidor utilise la notation descriptive dans ses livres. La notation algébrique finira malgré tout par se généraliser
-Benjamin Franklin publie en 1783 La Morale aux échecs, premier traité échiquéen américain, où il invite ses concitoyens à pratiquer le jeu sans réserve.
« Le jeu d’échecs fait naître et fortifie
en nous plusieurs qualités précieuses dans le cours de l’existence,
telles que la prévoyance, parce qu’il oblige à anticiper ; la vigilance,
parce qu’il exige que l’on observe tout l’échiquier ; la prudence, parce
qu’il faut se garder de jouer des coups sans réfléchir ; enfin, nous y
apprenons la plus important, une leçon
pour toute la vie : quand tout semble aller mal, nous ne devons jamais
nous décourager, mais toujours espérer que les choses iront mieux,
toujours chercher résolument la solution de nos
problèmes. »
-La première revue échiquéenne "Le Palamède", revue mensuelle des échecs de 1836 à 1847 de La Bourdonnais champion de l'époque et de Joseph Méry poète journaliste. Son titre évoque le héros d'Homère qui aurait inventé les échecs pour distraire ses soldats pendant le siège de Troie.
- Les pièces
Elles seront normalisées par l'Anglais Staunton en 1850 comme la référence en compétition.
L’aspect physique des pièces le plus courant aujourd’hui, s'appelle donc : le style « Staunton »
- La compétition
Au XVIII° les cafés accueillent les joueurs comme le célèbre "Le Café de la Régence" où l'on fait des parties "amicales" parfois avec paris d'argent, et pour affronter les plus forts, il faut payer!. Ce café demeura pendant deux siècles le haut lieu des échecs en France.
C’est durant la seconde moitié du XIXe siècle que les premières compétitions internationales ont lieu. Le premier, initié par Staunton, fut tenu à Londres en 1851. Le joueur allemand Andersen y remporta le prix et triompha de même au second tournoi de Londres (1862).
Ainsi les progrès théoriques de l’art de la défense mettent un terme à l’ère romantique.
- Les échecs "spectacle"
- Le Turc mécanique ou l'automate joueur d'échecs !?
Le Turc mécanique ou l'automate joueur d'échecs est un canular célèbre construit à la fin du XVIIIe siècle : il s’agissait d'un prétendu automate doté de la faculté de jouer aux échecs. Construit et dévoilé pour la première fois en 1770 par J von Kempelen, le mécanisme semble être en mesure de jouer contre un adversaire humain, ainsi que de résoudre le problème du cavalier, un casse-tête qui exige de déplacer un cavalier afin d'occuper une fois seulement chaque case de l'échiquier. De 1770 jusqu'à sa destruction en 1854, il a été exposé par différents propriétaires en tant qu'automate, bien que le canular ait été expliqué, après bien des soupçons, au début des années 1820. Extérieurement, il avait l’apparence d'un mannequin habillé d’une cape et d’un turban assis derrière un meuble d’érable. Le meuble possédait des portes pouvant s’ouvrir pour révéler une mécanique et des engrenages internes qui s'animaient lors de l'activation de l'automate.
Le Turc mécanique, gravure de Karl Gottlieb von Windisch dans le livre de 1783, Raison inanimée.
En réalité, le mécanisme n'était qu'une illusion permettant de masquer la profondeur réelle du meuble. Celui-ci possédait un autre compartiment secret dans lequel un vrai joueur pouvait se glisser, et manipuler le mannequin sans être vu de quiconque. L'automate était alors capable de jouer une vraie partie d'échecs contre un adversaire humain. Grâce au talent de ses joueurs cachés, le Turc mécanique remporta la plupart des parties d'échecs auxquelles il participa en Europe et en Amérique durant près de 84 ans, y compris contre certains hommes d'état tels que Napoléon Bonaparte, Catherine II de Russie et Benjamin Franklin.
Compléments sur Wikipédia
- Les tournois exhibition
Parties simultanées et à l'aveugle, spectaculaires pour le non-initié, sont principalement utilisées lors d'exhibitions depuis très longtemps !
Une partie simultanée est une rencontre entre un fort joueur (le plus souvent un maître international ou un grand maître international) et de nombreux adversaires, généralement d'un niveau amateur, chacun sur un échiquier séparé. En général, il n'est pas fait usage de pendule d'échecs, et les échiquiers sont disposés en cercle ou en carré autour du maître qui a les Blancs sur chacun des échiquiers. Le maître passe d'un échiquier à l'autre dans un ordre déterminé, et ses adversaires jouent au moment où il se présente devant leur échiquier, la réponse du maître est généralement rapide pour éviter que l'évènement ne dure trop longtemps.
Les parties à l'aveugle sont une variante du jeu d'échecs dans laquelle l'un ou les deux joueurs ne voient pas l'échiquier et s'annoncent les coups oralement.Le premier évènement connu en Europe s’est déroulé à Florence en 1266. Le grand joueur français Philidor a démontré ses capacités à jouer jusqu’à trois parties à l’aveugle simultanément en 1783 avec un grand succès.
Morphy a tenu en 1858 une démonstration de jeu à l’aveugle contre huit des meilleurs joueurs de Paris avec un résultat étonnant de six victoires et deux nulles. - Au XXe siècle
Le monde des
échecs se structure, avec la fondation, en 1924, à
Paris, de la Fédération Internationale des Échecs
(FIDE), qui compte aujourd'hui 175 pays membres. La Fédération française avait été fondée dès 1921.
C'est sous l'égide de la FIDE qu'ont été organisés
de grands tournois internationaux. Les championnats du monde, et le titre
qu'ils consacrent désormais officiellement, existent depuis
1948 et se déroulent tous les trois ans. Depuis 2000, les échecs sont devenus, en France, un sport reconnu par le ministère de la Jeunesse et des Sports.
Depuis 2013, le champion du monde est le Norvégien Magnus Carlsen qui a succédé à l'Indien Anand.
Au XXe siècle, l’URSS, en assure une promotion très active, le considérant comme un excellent outil de formation intellectuelle. C’est, en outre, une vitrine de la formation intellectuelle soviétique qui leur permet de dominer largement une discipline prestigieuse avec de 1948 à 1972 : Botvinnik, Smyslov, Tahl, Petrossian et Spassky.
Durant la guerre froide, l'émergence de Bobby Fischer, le premier Occidental à défier les Soviétiques au plus haut niveau puis de Viktor Kortchnoï, dissident Soviétique qui parvint deux fois en finale du championnat du monde, donnent à cette compétition une véritable dimension politique. Plus tard, les tensions entre conservateurs russes et partisans de la perestroïka se sont cristallisées autour de l’affrontement entre Anatoli Karpov et Garry Kasparov.
À la fin du XXe siècle, la confusion concernant le titre de champion du monde amène l’attention médiatique à se concentrer sur l’opposition entre l’humain et la machine, comme en témoigne le retentissement médiatique des matchs entre Kasparov et Deep Blue.
Voir une vidéo
Les femmes font également leur apparition au plus haut niveau dans un domaine longtemps réservé de fait aux hommes. Ainsi, dans la décennie 2010, Judit Polgár a figuré parmi les trente meilleurs joueurs mondiaux du classement de la Fédération internationale des échecs et est même arrivée 8e en janvier 2004.
SOURCES :
Ce texte est une synthèse effectuée à partir des sites suivants:
-l'ouvrage de JL Cazaux " L'Odyssée des jeux d'échecs" est INDISPENSABLE
-
Les premiers sites sont essentiels
- Bibliothèque Nationale de France (BNF)
- Wikipédia histoire
- Histoire du jeu
- Histoire des échecs
- Echecs et patrimoine
- Origines
- Synthèse
- France inter (écouter la marche de l'histoire)
- Daily Motion
- Histoire avec animations
- Histoire des échecs de JL Cazaux
- Echecs artistiques
- Echiquier de Sissa
- Origine et pièces de Loisy
- Echecs histoire, littérature
- Quelques Evenements historiques
- Café de la régence
- Histoire et divers
- Art du jeu, jeu dans l'art de Babylone à l'occident médiéval
Dossier PDF du musée de Cluny - La règle du jeu : expo virtuelle
- Chess Collectors International France : collections de jeu d'échecs